lundi 19 mai 2014
Le Figaro: The Rover, bien placé dans la course
Robert Pattinson, convainquant et juste dans The Rover.
L'Australien David Michôd signe un film apocalyptique, porté par Guy Pearce et Robert Pattinson. Haletant.
La poussière, la chaleur, et la désolation: voilà d'emblée ce qui saute à la gorge du spectateur de The Rover, l'admirable long métrage postapocalyptique de David Michôd (Animal Kingdom), avec Guy Pearce et Robert Pattinson. Dans un monde en déclin foudroyé par l'autodestruction, la violence et la rapacité des hommes ont submergé une société en lambeaux. Un homme qui a tout perdu (formidable Guy Pearce, tout en sobriété tendue) se fait voler sa voiture par un gang en fuite. On dit que la foudre ne tombe jamais deux fois sur le même arbre. La preuve que si.
Pour Guy Pearce, c'est la goutte d'eau qui fait déborder son vase. Le sursaut est brutal. Animal même. Une vigoureuse décharge d'adrénaline le pousse à prendre en chasse les voleurs. Froid comme une lame, sans affect, le vétéran passe à l'action. Ses gestes sont sûrs. Une détermination vengeresse coule dans ses veines.
Bien sûr, il y a du Mad Max dans les premières passes d'armes autoroutières entre les deux voitures. D'origine australienne, Michôd est retourné filmer sur sa terre natale, dans l'outback australien. On décèle aussi l'étrange absurdité obsessionnelle du premier film de Steven Spielberg, Duel.
Seule effusion: la violence
Taillé comme un diamant brut,The Rover file sur le serpent d'asphalte sans s'encombrer de sentiments, de morale ou même d'éthique. Sur ce chemin escarpé, le héros taiseux va faire une rencontre. Robert Pattinson (convainquant et juste) incarne Rey, le petit frère laissé pour mort par le chef de gang. Une étrange alliance se noue entre eux. Guidés par des motifs différents, les deux hommes poursuivent paradoxalement le même objectif. On reconnaît là la thématique sombre et austère du roman d'anticipation de Cormac McCarthy,La Route, porté à l'écran par John Hillcoat en 2009 avec Viggo Mortensen. Au cœur d'un monde en cendres, on y découvrait un père et son fils, deux survivants poussant leur chariot de supermarché, décidés à rejoindre la mer.
Aussi curieux que cela puisse paraître, le cœur en hiver du vétéran Guy Pearce va progressivement se réchauffer au contact du jeune gamin paumé qui lui sert de guide pour rattraper sa voiture. Cependant aucune effusion n'est à redouter, excepté celle de la violence. Haletante, sèche comme un coup de trique, l'action de The Rover vous fouette comme un coup de sirocco, jusqu'au finale surprenant qui rappellera aux plus cinéphiles Apocalypse 2024 (1975), avec le jeune Don Johnson, d'après un roman de Harlan Ellison.
The Rover (qu'on pourrait traduire par Le Rôdeur) s'affirme comme l'odyssée dérisoire d'un tandem d'humains dépareillés évoluant dans un monde dévasté. Sur ce terreau émotionnel stérile finit pourtant par jaillir la pousse fragile d'une émotion. En cela, le film fonctionne comme un miroir des peurs enfouies dans notre psyché collective. De plus, Michôd a su conserver une simplicité de narration et un dépouillement dignes des meilleurs contes futuristes. Grâce au réalisme brut de certaines séquences et à l'authenticité viscérale qui rejaillit sur grand écran, son western de fin du monde prend aux tripes.Merci http://www.rpattzrobertpattinson.com/
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