La semaine dernière j'ai eu la chance de pouvoir assister à la master class de Brady Corbet au Festival du Film des Champs Élysées ainsi qu'à la projection en avant-première de 'The Childhood of a Leader', nouveau film avec Robert Pattinson que j'avais plus que hâte d'enfin découvrir. J'étais très curieuse d'entendre Brady parler de son parcours et de son travail. Et bien que les questions de l'interviewer étaient plus axés (malheureusement) sur sa carrière d'acteur que de réalisateur et sur son premier film, il est intéressant d'écouter ses réponses concernant sa cinéphilie et ses inspirations pour 'The Childhood of a Leader'. Rob n'a pas été mentionné hélas.
Concernant les influences dans sa carrière: Deux des films qu'il a proposé et présenté au Festival ont eu beaucoup d'importance dans sa carrière et ont forgé sa personnalité: 'S'en Fout la Mort' de Claire Denis et 'Sous le Soleil de Satan' de Maurice Pialat. Il dit que ce dernier l'a beaucoup marqué et si on voit ce film avant de voir 'The Childhood of a Leader' on peut clairement voir des ressemblances. Il a ensuite parlé de la réalisatrice Claire Denis (avec qui Rob va prochainement tourner 'High Life'), du fait qu'elle a joué un grand rôle pour lui quand il était plus jeune et qu'elle l'a irrémédiablement influencé. Il avait l'habitude de découvrir beaucoup de films grâce aux vidéos clubs et c'est comme ça qu'il a découvert ceux de Claire Denis. Il dit qu'il y a une modernité violente et radicale dans ses films, comme il n'en avait jamais vu avant.
Concernant 'The Childhood of a Leader': c'est le livre de l'historienne Margaret McMillan sur le traité de Versailles, 'Les Artisans de la paix' qui l'a surtout inspiré. Il a trouvé son ouvrage obsédant. Il dit qu'elle a réussi à capturer exactement les faits et l'atmosphère qui régnaient à ce moment là. Ça a commencé à lui donner des idées. Il s'en est beaucoup imprégné. C'est suite à cette lecture qu'il a commencé à imaginer le jeune garçon de son film. Il a trouvé le titre de son film en le lisant quelque part sans savoir que c'était le titre d'une nouvelle de Sartre. Il l'a tout de suite aimé et trouvé très expressif. Suite à ça il a évidemment décidé de lire cette nouvelle. Et il a bien sur aimé et il s'en est inspiré aussi pour son film, mais ne s'est servi que de quelques éléments seulement. Il a mis 10 ans à développer ce projet. Ce fut un très long processus.
Je vous invite à regarder la vidéo complète de cette master class pour entendre l'intégralité de ses réponses (en bas de cet article).
Brady a ensuite présenté son film juste avant la projection. Il était surpris de savoir que c'était la première fois que le film était projeté en France sachant qu'il est produit en partie par la France. Et nous a dit juste avant que la salle ne soit plongée dans le noir: "J'espère que vous aimerez le film. Et si vous ne l'aimez pas, j'espère que vous le trouverez intéressant". Il est resté au fond de la salle avec son équipe lors du début du film, puis il est revenu à la fin pour les applaudissements. La salle était bien remplie et enthousiaste.
Brady est une personne extrêmement sympathique et passionnée. Un acteur et un réalisateur qui a des points de vue bien tranchés, qui sait ce qu'il aime ou pas dans le métier, et l'assume pleinement. Il a été très proche des gens avant mais surtout après le film, parlant avec les uns et les autres en toute simplicité. Il est vraiment très accessible. J'ai pu aller le féliciter pour son film et le remercier de sa venue à ce Festival Français.
Je comprends mieux maintenant tout ce que j'ai pu lire autour de 'The Childhood of a Leader' ces derniers mois après sa projection dans divers Festivals. Comment résumer ce film? C'est impossible! C'est un film assez fou! C'est un film en effet très ambitieux, qui intrigue, qui étonne, qui dérange, qui vous fait vous poser beaucoup de question. J'ai eu besoin d'y repenser, de le digérer et d'en parler autour de moi avant de pouvoir en parler ici. C'est un film puissant, glacial et obscur. Un film qui vous marque avec une fin plus que surprenante. Et qu'on l'aime ou qu'on ne l'aime pas, on ne peut pas rester indifférent. En effet, Brady a su créer une atmosphère super pesante de par la froideur des lieux choisis et des couleurs, par des plans parfois mystérieux et hypnotiques, par les changements d'humeurs soudain de ses personnages et surtout par la musique de Scott Walker qui tient une place primordiale. Elle est oppressante et spectaculaire. J'ai trouvé tous les acteurs absolument épatants, chacun dans les subtilités et les étrangetés de leur rôle. Mais surtout le jeune Tom Sweet, dont c'était le premier film, et qui vous étonnera par l'énergie et la maturité avec lesquelles il donne vie à son personnage d'enfant perturbé. Rob quant'à lui est plus que surprenant dans ce nouveau rôle, à la fois mystérieux, dérangeant et captivant. Il n'y tient pas un des rôles principaux, mais c'est un rôle important, on le voit à plusieurs reprises dans le film et il ne manquera pas de vraiment vous étonner! Je n'en dirais pas plus. Ce film, c'est une expérience qui se vit et non pas une histoire qui se raconte. J'espère qu'il sera prochainement distribué près de chez vous et que vous aurez la curiosité d'expérimenter ce film qui est clairement à l'opposé de tout ce qui est diffusé sur nos écrans de cinéma semaine après semaine.
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Voici l'intégralité de la classe de maître de Brady Corbet au Festival des Champs Elysées (avec traduction):
L'interview de Brady Corbet au Festival Champs Élysées:
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