lundi 23 mai 2016

Cannes 2016 : Interview d'Anders Danielsen Lie pour Anthem Magazine

Journaliste : Était-ce la première fois que vous voyiez Personal Shopper à Cannes ?
Anders Danielsen Lie : C'était la première fois que je le voyais, mais cela donnait l'impression que j'avais déjà un peu vu le film. Bien que ce soit un film très compliqué, à la fois dans la thématique et en termes de récit, il correspondait avec que j'avais à l'esprit après avoir lu le scénario pour la première fois.
Journaliste : Vraiment ? Rien ne vous a surpris ?
Anders Danielsen Lie : Non pas vraiment. Pour moi, c'était une continuation de Clouds Of Sils Maria d'Olivier. C'est en quelque sorte ce que j'avais à l'esprit après avoir lu le scénario. Comme Kristen Stewart l'a dit pendant la conférence de presse, le film est à propos de quelqu'un avec une énorme crise d'identité. Mais, c'est aussi beaucoup plus que cela. Il s'agit également d'une exploration intéressante de la sexualité refoulée et de l'isolement et à quel point cela provoque une crise d'identité. Quelle part de notre identité est enracinée dans la sexualité ? Voilà l'une des choses qui me plaisaient énormément dans le scénario. Le personnage de Kristen trouve le plaisir sexuel en essayant les vêtements de créateur de sa patronne …
Journaliste : Les choses qui sont 'interdites' comme elles sont appelées dans le film.
Anders Danielsen Lie : Ouais exactement. Il s'agit d'un film très crade dans le meilleur sens du terme. Pour moi, il s'agit également d'un film qui est vraiment typique du style d'Olivier. Je suis très heureux du résultat final. La scène que j'ai partagé avec Kristen s'est avérée être comme je l'imaginais. Je ne pense pas qu'ils aient changé quoique ce soit durant le montage.
Journaliste : Il s'agit également d'une scène pivot. C'est le catalyseur pour l'un des grands moments surnaturels du film.
Anders Danielsen Lie : C'est le cas. Il y a plusieurs façons de l'interpréter. Je voulais faire la scène assez sèchement. Je pense que cette scène aide le personnage de Kristen à se libérer de son propre esprit et de renouer avec le monde. Nous avons presque passé deux jours à tourner cette scène et nous avons fait beaucoup de prises, l'abordant sous différents angles. Je pense qu'il y a plusieurs façons différentes de traiter cette scène dans le montage et je pense qu'Olivier voulait avoir la possibilité d'aller tout aussi bien dans de nombreuses directions. Mais je suis très heureux avec les prises qu'il a choisi parce qu'elles ont cette qualité d'être faites que je visais.
Journaliste : Il a donc eu de l'improvisation ?
Anders Danielsen Lie : En réalité, c'était extrêmement scénarisé. Nous sommes restés dans ce qui a été écrit dans chaque prise. Il y avait probablement quelques ajustements mineurs, mais pas exactement de l’improvisation. Chaque battement dans une scène comme ça a encore une marge de nuance et d’ambiguïté. J'ai pu ressentir dans la performance de Kristen qu'elle pourrait aller dans de nombreuses directions différentes. Ce que mon personnage lui dit pourrait être le catalyseur pour différentes réaction émotionnelles. Je pense que cela est très important en tant qu'acteur. : ne pas viser la version parfaite d'une scène, mais venir avec autant de variations différentes que possible, en particulier avec une scène comme ça.
Journaliste : C'est comme le théâtre. Ce sont deux acteurs qui expérimentent avec le réalisateur dans un cadre confiné.
Anders Danielsen Lie : Ouais c'est vrai.
Journaliste : Avez-vous une chance de créer un lien avec Kristen menant au tournage de cette scène ?
Anders Danielsen Lie : Nous ne nous connaissons pas vraiment. J'étais à Prague pour seulement quelques jours et le tournage était presque arrivé à sa fin. Tout le monde était vraiment épuisé au moment où je suis arrivé. Mais Kristen et moi ne sommes pas supposés nous connaître dans le film, donc c'est quelque chose que vous pouvez utiliser en tant qu'acteur. Kristen est une telle pro. C'est une grande actrice parce qu'elle est subtile et toujours de garder la conversation vivante. Même si nous nous en tenons à la version écrite de la scène, il y a de la vie entre les personnages parce que la spontanéité est toujours là. Cela peut être éprouvant lorsque vous travaillez sur une scène aussi longtemps parce que cela peut devenir difficile et maladroit, mais cela ne s'est pas produit avec Kristen.
Journaliste : Cela vient de juste de me frapper qu'en réalité j'ai vu quatre anciens films d'Olivier Assayas, incluant Personal Shopper. Évidemment, il a une voix singulière. Quelle a été votre impression le concernant ?
Anders Danielsen Lie : Il est certainement le genre de réalisateur avec lequel j'aime travailler. Il est très humble. C'est un gars très sympa à fréquenter. C'est un réalisateur très confiant qui n'a pas à donner énormément d'indication de direction. Il préfère diriger les acteurs de manière non verbale. S'il vous choisit pour un rôle, il a pleine confiance en vous et vous accorde l'entière responsabilité. Si vous avez un sentiment d'insécurité et qu'il y a quelque chose à propos du rôle dont vous souhaitez une explication, il est d'accord de le faire parce qu'il est très éloquent. Mais généralement, il ne veut pas 'sur' expliquer ou trop parler du scénario, ce qui est quelque chose que j'aime beaucoup. Parfois, les gens ont tendance à trop analyser et cela n'est pas toujours productif durant le processus de création.
Journaliste : De quelle manière avez-vous été impliqué dans Personal Shopper ? Anders Danielsen Lie : Olivier m'a contacté directement. Je suppose qu'il avait vu Oslo August 31st qui a été plutôt un succès ici en France. Il me voulait pour ce rôle et je l'ai vraiment admiré en tant que réalisateur. Cela n'a pas été difficile de dire oui. Mais pour quelle raison me voulait-il ? Je n'en ai aucune idée. Vous devrez lui demander. Il travaille également avec des directeurs de casting, mais c'est le genre de réalisateur avec lequel le casting fait partie de la mise en scène. Après Sils Maria et avec Personal Shopper, il a de nouveau casté Kristen dans le rôle de l'assistante de quelqu'un, une personne qui s'autodétruit et sa sexualité. Il y a une tension entre le personnage fictif et la réelle Kristen Stewart, la super star d'Hollywood. C'est très intelligent et futé.
Journaliste : Vous avez fait une très forte impression avec Oslo. Êtes-vous resté en contact avec Joachim Trier ?
Anders Danielsen Lie : Oh ouais. En fait, nous sommes de très bons amis.
Journaliste : Je suis impatient de vous voir collaborer à nouveau ensemble. Oslo était votre seconde collaboration ?
Anders Danielsen Lie : C'était le cas. Le premier était Reprise, qui est sorti en 2006 et quelques années plus tard aux Etats Unis. Nous étions à Cannes il y a cinq ans avec Oslo à Un Certain Regard et c'était mon rôle le plus important. Cela m'a ouvert beaucoup de portes en France. Je n'aurais jamais travaillé dans le cinéma français si cela n'avait pas été pour ce film. Sur Oslo, nous nous nous sommes en quelque sorte inspirés de notre amitié de cinq ans. Lorsque Joachim et moi sommes d'abord rencontré sur Reprise, nous nous ne connaissions pas et nous avions une manière légèrement différente de travailler. Habituellement, Joachim est le genre de réalisateur qui énormément parler avec ses acteurs. Il est l'opposé d'Olivier en ce sens, même s'ils sont tous les deux extrêmement éloquents. Sur Oslo, j'ai eu le sentiment que nous nous connaissions si bien que nous n'avions pas besoin de beaucoup parler.
Journaliste : Vous avez accélérez les choses grâce à cela.
Anders Danielsen Lie : Oui exactement.
Journaliste : Kristen dit la même chose à propos du fait de travailler avec Olivier une seconde fois sur Personal Shopper.
Anders Danielsen Lie : C'est exactement la même chose. Vous cheminez à travers le long processus de connaissance les uns des autres. Lorsque vous travaillez intensément, la communication devient plus télépathique, qui je pense est appropriée pour communiquer ici considérant que Personal Shopper est une histoire de fantôme surnaturelle. [Rires] Vous pouvez presque communiquer seulement avec les expressions du visage, vous savez ? Je suis le genre d'acteur qui croit beaucoup dans ce genre de chose. Je pense que le grand cinéma peut émerger de longues amitiés.

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