dimanche 3 juillet 2016

Sils Maria : Interview de Kristen pour l'édition DVD/BluRay Criterion

A l'occasion de la sortie du DVD/BluRay de Clouds Of Sils Maria pour Criterion, Kristen revient sur son rôle de Valentine à l'écran, sa motivation d'incarner ce personnage et sa conversation avec Olivier Assayas dans une interview. Juliette Binoche confit aussi quelques anecdote sur le tournage avec Kristen.


Kristen Stewart : J'ai lu le scénario en sachant que j'allais travailler avec Olivier et avec Juliette … Et que je connaissais certains aspects de l'histoire que d'autres ne pourraient probablement pas connaître. Et en quelque sorte aborder légèrement un aspect et les commentaires là-dessus … A quel point certains aspects de du métier peuvent être incroyablement ridicules et superficiels. Donc, je savais que cela m'amusait et que je trouvais cela drôle, typique . J'ai eu un appel par Skype avec Olivier et il a en quelque sorte parler avec moi … Et je ne pouvais pas m'arrêter, encore et toujours à propos de cela … Et il est resté silencieux tout le long de l'appel. Et je disais, 'Ouais qu'est-ce que tu en penses ? … Merci de m'accorder du temps ! Qu'est-ce qui se passe ?'. Et il a dit, 'Huuuuum j'ai déjà casté ce rôle … J'ai pensé que tu seras peut être intéressée par le fait de jouer Jo Ann à la place …'. Et j'ai dit, 'Nooooooon !!!'. Vous savez, c'est une chose … De parler … De l'exagérer, de mettre de le verbaliser à propos d'un film et de plein d'autres choses … Mais c'est totalement une autre chose que de simplement jouer dedans. Vous savez je voulais simplement … Je voulais juste plaisanter à propos … Des paparazzi … Et vous savez de l'intégrité artistique et du fait d'être jeune et célèbre. C'était amusant pour moi et intéressant. Mais, j'ai simplement pensé que l'autre rôle [note du staff : celui de Valentine] offrait … Offrait en fait une palette bien large à propos de cela … Et au final bien plus encore.



 
Je me suis senti si libre avec mes lignes. Pourtant quand vous regardez le film, c’est quasiment du mot pour mot. On ne voit que certaines facettes de Valentine, il y a donc cette sorte de transgression qui se passe mais ils ne pensent pas qu’il y a cette maturité dont vous êtes trop consciente. Vous espérez qu’elle grandisse de cette expérience, mais à la fin de tout ça, elle se sent finalement invisible. La manière dont elle sert cette personne, c’est que par la fin du film, on a le public qui réalise qu’elle est invisible. Et on veut en savoir tellement plus. Vous devriez être constamment curieux de cette personne, ça en dit le long sur le fait qu’elle soit capable de brimer elle-même et de se concentrer sur quelqu’un d’autre. C’est pour quoi tous ces tatouages, et le fais que je [NT : le personnage de Valentine] ne change jamais mes cheveux. Je ne change jamais d’apparence durant tout le film. C’est en quelque sorte une personne constante et studieuse. Ce n’est pas le personnage artistique qu’est celui de Juliette. C’est une conseillère, elle est vouée à ça.





 Elle a une perception utile sur les choses. Ce n’est pas du tout une personne blasée. Elle est incroyablement ouverte et elle aime être émue par des émotions simples. Alors que vous savez… en grandissant vous avez été blessé ou vous avez été désabusé par des trucs nazes. Juliette est du genre « ce n’est pas si simple, fais-moi confiance ». Et en règle générale ce n’est pas si simple. Mais encore une fois, la perspective est une chose amusante, cela dépend d’où vous vous tenez. En le regardant, Juliette dans la montagne, parfois je ne pouvais pas lui parler… « Les choses ne sont pas aussi horribles qu’il n’y paraisse ! » vous voyez ce que je veux dire ? Je veux dire…Ce n’est pas pour dire qu’elle n’est pas le moins du monde négative… Quand vous pensez que vous avez tout vu… vous voulez être capable de dire « Si vous preniez un peu de recul, vous pourriez trouver un peu de lumière dans tout ça ». C’est parfois une perspective jeune, naïve et parfois ennuyante à avoir quand vous parlez à quelqu’un qui  en a en quelque sorte vu plus. Mais on a ça souvent.




Cette scène, Olivier était du genre « Faites ce que vous voulez, enlever vos vêtements ou ne le faite pas, peu importe ce que vous faite, honnêtement allez juste nager ». Et j’étais là « Ok ».  Et elle était là, elle a tout enlevé et j’étais genre « Bien sûr ! Bien sûr tu fais ça ! » [Rires] Mais on a aussi beaucoup parlé de notre âge, d’où nous venions etc… sur un niveau moins important. Mais je pense qu’elle pourrait tout aussi bien porter une parka. Mais c’est badass ! Et elle est belle.





 Juliette : On a beaucoup parlé, vous savez, ce qu’elle traverse et a traversé en tant que célébrité en Amérique, une jeune star. Et il y avait beaucoup de partage dans ce sens-là, avec Chloé aussi. Et j’ai eu une assistante durant 20 ans. Et donc je connais très bien ce qu’est cette relation. Il a beaucoup à parler sur ce sujet.




 Juliette : Kristen est venue 2 jours avant le tournage. Et un jour on a répété ensemble, c’est quelque chose que j’avais suggéré car j’avais l’habitude de répéter. Et j’ai senti que ce n’était pas son truc.
Kristen : Je la fuyais à chaque fois qu’elle voulait répétez [Rires]. J’étais genre « Ok, cool, je dois aller au toilette ». Elle avait cette merveilleuse jeune actrice assistante sur un film, qui répétait les dialogues avec elle. C’était aussi une relation intéressante. Elle est constamment en train de relire ses lignes. Elle travaille, c’est un truc que fait Juliette Binoche, elle travaille vraiment très dur. C’est probablement pourquoi elle est si confiante. La plupart des acteurs que vous voyez ont leurs astuces. Ils ont leurs trucs qu’ils savent comment faire. C’est comme si elle avait chaque minute de sa vie emmagasiné sur la surface de sa peau et elle est prête à y aller « Je sais ça, Boum ! ». Je suis passée par là « Boum ». Je pense que la manière dont elle fait ça, c’est parce qu’elle travaille, elle prépare, elle travaille très dur. Peut-être que j’arriverais à ce stade là quand je serais plus âgée, mais j’ai si peur de… les répétitions peuvent être si… pour moi elles peuvent enlever quelque chose de… le pourquoi je suis si curieuse de tout ; mon premier instinct. Pas que je pense que ce soit si fantastique, mais c’est la seule chose en laquelle j’ai confiance. Et donc si vous me donnez du temps pour penser à tout ça, je ressentirais comme si nous avions loupé quelque chose. Donc je ne voulais jamais répété mes lignes avec elle. J’étais « Non, va-t’en ! Shut ! ».




 Je pense qu’il y a une admiration mutuelle l’une pour l’autre, qui est très profonde. Il y a un truc par rapport au fait qu’elle ait coupé ses cheveux et qu’elle aille dans la montagne. C’est genre « J’ai peur pour elle ». Je veux dire, oui elle a l’air d’une personne investie, elle est sur le point de jouer un rôle qui n’est pas très féminin, qui est fort et très ambiguë car elle ne veut pas que ce rôle la définisse. Mais ça la définit. Le choix de ceci le fait. C’est sans équivoque. C’est genre « Je vais me couper les cheveux et je vais bien ! » [Rires]. C’est une personne tellement forte et je parle toujours du fait qu’elle soit puissante ; mais c’est une petite vraiment très précieuse. Et j’ai trouvé ça qu’avec quelques importantes figures féminines dans ma vie. Elles sont très fortes mais elles protègent quelque chose de très fragile.
Quand elle est magnifique avec ses cheveux longs, sa robe longue et tout ça, c’est genre… elle porte une grande armure même quand elle pense qu’elle l’a enlevé. Il n’y a que quelques moments dans le film où elle a l’air sincèrement… elle. Vous savez, sans voile. Et c’est pourquoi c’est si bon. Quand vous voyez ces moments vous êtes « Oh oh oh oh ». C’est impressionnant. Vous ne pouvez pas mentir en présence de… ma réaction face à toutes ces choses sont incroyablement réelles. Car j’ai l’impression de la connaître, je connais cette personne.



Les meilleurs conseilles que j’ai eu des meilleurs réalisateurs étaient « Pense plus rapidement ! ». Pour être honnête avec vous, vous n’avez pas besoin de beaucoup nous parler. C’est plus un sentiment, vous pouvez regarder par-dessus votre épaule, vous savez que vous n’êtes pas seule. Il ne va pas vous dire comment vous devez vous sentir, ni ce que vous devez penser de ça. Il veut vous ce que vous ressentez et pensez de tout ça. Un très talentueux réalisateur est toujours celui qui vous fera oublier que vous êtes en train de tourner un film. Qu’il n’y a pas d’attente, que n’importe quoi que ce soit, cela sera là raison de pourquoi nous sommes là. Plus comme une méditation, plutôt qu’un emballage et une livraison d’idées à des gens. C’est à propos de les avoir et de les capturer. C’était toujours comme si il ne savait pas nécessairement ce qu’il avait écrit et qu’il nous l’avait donné pour le découvrir. Ce qui est ridicule, car j’ai trouvé en m’y repenchant dessus, il y avait toutes ces petites pensées qu’il avait inclus par-ci par-là. Et il savait qu’on allait y foncer dedans, que ça aller exploser et c’était magnifique et bizarre et nous avions peur. Elles étaient placées là par lui.


 Il y avait des choses quand nous traversions cette allée d’esprit endormie, où d’un coup j’étais là « Tu viens réellement de m’offenser ». Et je ne savais que ça allait arriver [Rires]. Vous voyez ce que je veux dire ? Elle m’aurait vraiment agacé et d’un coup aurait été désespérément émotive genre « Qu’est-ce que j’ai fait ? Est-ce que ça va ? Qu’est-ce qu’il se passe ? Est-ce que je t’ai offensé ?». Mais toutes ces choses… je sens que si vous revenez en arrière et que vous relisez le script, si nous n’avions pas naturellement trouvé ces trucs ce n’aurait pas été le film qu’il ait. Et c’était écrit, c’est écrit en fait. On l’a zappé je ne sais pas comment, je ne l’ai pas vu je ne sais pas pourquoi. La scène où je quitte le salon pour aller dans ma chambre, parce que je dois interrompre ce moment car ce n’est pas là où je veux aller. Je n’avais aucune idée qu’elles avaient cette profonde fascination l’une pour l’autre. Et Olivier a toujours su, car il avait ce regard sur son visage « je suis fière de vous, c’est génial ». Car à la fin nous étions « Wow, c’était quoi ça ?! ». Aussi, vous pensez que vous auriez agrandit cette scène dans la chambre, vous serez resté avec Valentine durant une seconde vous l’auriez vu se donner des claques et s’allonger. Mais ce n’était pas le cas, il disait « couper » tellement vite. Et il nous laissait sur notre faim. Vous voyez ce que je veux dire ? Genre « C’était quoi ça ? » Et il est là « Je ne sais pas, tournons la prochaine scène. »

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