samedi 27 juin 2015

Sils Maria : Interview de Kristen & Juliette Binoche avec Metro US


Traduction faite par le staff de KStew France. 

Kristen Stewart a adoré faire Clouds Of Sils Maria avec Juliette Binoche

L'actrice dit qu'elle a du 'effacer la joie sur [son] visage' alors qu'elle disait une dialogue qui se moquait de la culture de la célébrité.

Lorsque nous avons discuté en Octobre dernier lors du Festival du Film de New York, Kristen Stewart n'était pas encore devenue la première actrice américaine à remporter un César – l'équivalent pour la France de l'Oscar – pour Clouds Of Sils Maria d'Olivier Assayas. Mais, elle était encore extatique à ce sujet. Dans le film, elle joue Valentine, l'assistante personnelle harcelée mais baba cool de Maria Enders, une superstar ressemblant à Juliette Binoche jouée par Juliette Binoche. Ça lui a permis de se moquer de l'industrie du film et de la machine à potins confinés dans un coffre fort. Les deux actrices se sont unies pour parler de leur relation, et, dans le cas de Binoche, de rire à grands éclats.

Journaliste : Juliette, le film qui vous a révélé en 1985, Rendez-Vous, a été écrit par Assayas et vous vous êtes retrouvés pour son film L'Heure D'Eté en 2008. Vous avez été l'instigatrice de ce projet. Quel a été votre concept original ?
Juliette Binoche : Je voulais qu'il fasse face au féminin. Je ne savais pas exactement ce que ce serait, mais je m'étais imaginée ces personnages échangeant les rôles. J'ai parlé de Bergman. J'ai dit, 'Allez, tu aimes Bergman ! Tu as fait un livre d'interviews [en 2008] !'. Et j'étais un peu frustrée sur L'Heure D’Été, en tant qu'actrice. J'ai pensé qu'il était timide et qu'il se cachait. J'ai dit, 'Tu m'as manqué !'.
Kristen Stewart : C'est genre, 'Je veux te connaître !'.
Juliette Binoche : 'Je veux te connaître !', ouais ! Et il m'a dit, 'Donne-moi deux semaines et je te dirais su j'aime ou non'. Ensuite, il m'a appelé et m'a dit, 'J'ai le sujet'. Un an et demi plus tard, il m'a donné le scénario.

Journaliste : C'est assez honnête en ce qui concerne ce qui se passe dans la vie d'une actrice vieillissante. Quelle a été votre réaction ?
Juliette Binoche : J'étais choquée ! Je ne m'attendais pas du tout à ce que ce soit comme ça. Je le provoquais [Grand rire chaleureux] et je me suis prise une claque en retour !

Journaliste : Kristen, vous étiez censée être Jo-Ann, une actrice finalement jouée par Chloë Grace Moretz, mais vous avez insisté pour avoir le rôle de Valentine à la place. Pourquoi ça ?
Kristen Stewart : Ce personnage est fantastique, mais il n'est simplement pas pour moi. C'était quelque chose que je connaissais si bien alors ce n'était pas intéressant pour moi. Je connais Valentine si bien, mais je n'avais jamais fait ça auparavant. Ce serait plus intéressant de dire que je gravitais autour du projet en raison des déclarations qui ont été faites et l'explication qu'il est. Mais c'était la partie émotionnelle que j'ai vraiment aimé. Et il y a plus d'ironie et plus de superpositions imprégnées dans son dialogue si ça sort de ma bouche. C'est simplement de cette façon. Je suis passée par là, j'ai été malmenée en plein là-dedans. Répondre directement aux médias et parler de la spéculation précaire – cela peut exister parfois et la manière dont on se nourrit constamment des gens – c'était amusant. J'ai dû effacer la joie sur mon visage en disant ces lignes. [Rires] Je devais essayer de pas paraître trop excitée à ce sujet.

Journaliste : Il y a des éléments de la pensée foutrement vieille école ici – y compris des touches [des films] Persona et L'Avventura. Mais c'est joué de façon réaliste.
Juliette Binoche : J'adore les films dans lesquels vous ne savez pas ce qui est réel et ce qui ne l'est pas. Lorsque vous rêvez, vous vous demandez s'il s'agit de la réalité ou pas. Il en est de même avec la vie. Vous ne savez jamais si vous vivez ou si c'est de la fiction. [Rires] Le film représente ça vraiment bien. Et également montrer ce que font les rôles aux actrices était très significatif pour moi. Il n'y a beaucoup de films à propos des acteurs traversant par des émotions. Qui veut se lever tôt le matin et penser à la mort ou quelque chose du genre – de votre amour ou votre enfant ou vos parents. Vous devez passer par des émotions sans s'identifier avec elles, car les émotions ne sont pas les vôtres. Mais vous devez malgré tout les traverser. C'est l'enfer. Elle ne veut pas passer par les enfers. Sa vie est déjà difficile et complexe.
Kristen Stewart : Il est judicieux de reconnaître que vous ne pouvez jamais sortir de vous-même entièrement. Il est illusoire de penser que les acteurs jouent d'autres personnes. Il s'agit toujours de vous. Il s'agit de versions de vous, mais cela va prendre une route. Il vous remplit de nouveau avec quelque chose d'autre, mais à la fin de la journée, vous passez à la caisse. [Rires]

Journaliste : Vos personnages ont une relation confortable. De quelle manière avez-vous développer cela ?
Juliette Binoche : Nous avons organisé quelques rendez vous pour nous aider à développer notre relation. [Grand rire venant du fond du cœur] Quand vous aimez quelqu'un qui aime quelqu'un. Nous sommes devenues proches d'une manière naturelle.
Kristen Stewart : Si nous ne l'avions pas fait, le film n'aurait pas été bon. Parce que je ne suis pas une menteuse. Si cela [désigne Binoche et elle] n'était pas solide et si cela n'avait pas été stimulant … Cette femme me fait réfléchir bien plus que la plupart des personnes avec lesquelles j'ai travaillé. Je suis constamment assise là dans tout ce qui se passe [fait une grimace pensive]. Elle me rend un peu perplexe, ce qui est absolument la bonne dynamique. Nous ne devons pas faire semblant.

Journaliste : Kristen, étiez-vous consciemment à la recherche de rôles européens ?
Kristen Stewart : Non. J'ai toujours gravité autour des cinéastes américains qui ont un peu plus de fluidité et les tripes pour explorer et vivre dans quelque chose et qui n'a pas vraiment besoin de le contrôler, d'une manière qui n'est pas seulement conçue pour le consommateur. Je suis tellement chanceuse parce que peu très peu de jeunes actrices américaines ont cette opportunité. Les rôles n'existent pas.

Journaliste : Est-ce que cela s'améliore ou devez-vous vous simplement venir en Europe pour obtenir de grands rôles ? Ou est-ce juste un cliché ?
Kristen Stewart : Si vous étiez en passe d'obtenir un consensus, alors, ouais, absolument. Il y a tellement de conventions dans les rôles féminins aux Etats Unis que cela devient presque – je veux dire, c'est tellement cliché, comme vous le dîtes – cela en devient presque étouffant. Et c'est contagieux. Tout à coup, vous pensez que cela ne va pas être commercial et facilement consommable, les gens ne vont pas le faire. Cela va être soit le film le plus rikiki qu'il soit, soit cela ne va pas se faire. Je lis des scénarios vraiment bons tout le temps qui sont différents et qui vont à l'encontre des conventions et qui disent quelque chose de nouveau. Et ils ne peuvent jamais trouver les moyens. Ils ne sont jamais faits. C'est un cliché, car il est vrai.



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