lundi 12 mars 2018

Lizzie : Interview de Chloë Sevigny avec Movie TV Tech Geeks [Sundance 2018]

A l'occasion du Festival du Film de Sundance 2018, Chloë Sevigny mentionne Kristen et parle de Lizzie, de leur collaboration, du développement du projet, des personnages et des mouvements féminins #MeToo et Time's Up dans une interview avec Movie TV Tech Geeks. 



Journaliste : Vous avez été attachée au fait de jouer Lizzie Borden pendant une décennie alors que le projet a subi divers incarnations. Pouvez-vous parler du long voyage pour faire de cette histoire un long métrage ?
Chloë Sevigny : Oh mon dieu, c'est si long et impliqué. [Rires] Cela a commencé la première fois [lorsque] j'ai visité le 'bed and breakfast' à Fall River [la maison où les meurtres ont eu lieu est maintenant un 'bed and breakfast' et un musée]. Je conduisais à travers le Massachussetts avec mon petit ami de l'époque, nous allions rester dans la maison, puis aller à Salem, pour une escapade d'Halloween qui fout la chair de poule et un week end romantique. Dès que je suis entrée dans cette maison, ce fut un moment qui s'est cristallisé et j'ai su que je devais jouer cette personne. Je me sentais si empathique vis à vis de son sort. Son histoire est tellement fascinante, car il y a tellement de théories différentes et c'est toujours non résolu. Le monde est fasciné par elle depuis plus de cent ans maintenant. Elle inspire encore tant de livres, de films, d'opéras et tant d'autres choses. Elle est emblématique en tant qu'héroïne marginale. C'est le moment où j'ai réalisé que j'avais besoin de faire ça.

Journaliste : Il s'agit clairement d'un projet de passion. Comment avez-vous commencé le processus de transformation en un film ?
Chloë Sevigny : Je vivais en colocation avec mon ami Bryce Kass à Los Angeles. Il était un écrivain en difficulté alors je lui ai demandé de l'écrire. Il a écrit un plan avec les grandes lignes et il y avait tellement d'exposition et nous avons appris tellement de choses – comme par exemple la police était à un pique nique à quelques kilomètres de là. Il y avait tellement de détails incroyables que nous pouvions mettre dans cette histoire qu'il était difficile de comprendre comment nous voulions le faire. J'étais sur Big Love à l'époque et très proche de Peter Friedlander [un producteurde de HBO Series], alors je lui ai demandé et il a a dit que nous devrions le présenter à HBO. À l'époque – c'était il y a 10 ans – ils nous auraient donné plus d'argent et d'exposition et plus de gens le verraient sur HBO que si nous le faisions comme un film indépendant. Cela avait plus de sens pour moi, vous comprenez ? Nous avons fait le pitch et il a été là pendant un moment. Ils ont gardé le matériel pendant très longtemps. Bryce a dû le réécrire comme une mini série. Ce fut à plusieurs reprises une mini série en deux parties et une mini série en trois partie. Puis, ils nous ont mis sur le côté et ensuite ils nous ont repris et il y a eu tellement de réalisateurs attachés. En fin de compte, ça n'a pas marché pour nous. Nous ne pouvions pas le présenter à d'autres réseaux pour diverses raisons dont je n'avais aucune idée parce que j'étais tellement néophyte dans tout ce processus. La prochaine fois, je prendrai un avocat qui me tiendra la main à chaque étape parce que c'est complètement dingue.

Journaliste : Mais votre endurance a finalement porté ses fruits.
Chloë Sevigny : Finalement, nous avons dû le retravailler en un long métrage et essayer de le produire de manière indépendante nous-mêmes. Nous avons organisé beaucoup de réunions et nous l'avons envoyé à beaucoup de réalisateurs. J'étais attachée et Kristen [Stewart] était en quelque sorte attachée, donc c'est difficile d'aller voir des réalisateurs visionnaires qui travaillent sur leurs propres projets lorsque vous avez déjà des acteurs qui sont attachés. Nous avons regardé les films de Craig Macneill et nous avons eu des entretiens avec lui. En fait il venait d'un endroit très proche de Fall River et il avait un lien très personnel avec Lizzie, alors nous avons décidé de nous lancer avec lui. Nous avons trouvé des financiers indépendants et mis en place des ventes à l'étranger et nous avons tout regroupé. Tout a été réuni très rapidement.

Journaliste : Vous êtes né dans le Massachusetts, qui est l'état de Lizzie Borden. A quel moment avez-vous eu connaissance d'elle pour la première fois ?
Chloë Sevigny : J'ai d'abord eu connaissance d'elle avec une comptine probablement au collège ou peut être étais-je plus jeune. Je ne savais pas grand chose à son sujet. Je suis sortie une nuit pour Halloween dans la ville et une de mes meilleures amies était habillée comme elle pour Halloween, alors je me suis penchée sur le sujet.

Journaliste : Quel était l'attrait de son histoire pour vous ?
Chloë Sevigny : Tout d'abord, elle était si mal comprise et elle n'avait pas de véritable exutoire. J'étais très empathique vis à vis de cela. Je ne dirais pas qu'elle est folle de quelque manière, contour ou forme. Je pense simplement qu'elle était dérangée. Jouer une personne subtilement perturbée était quelque chose que je n'avais jamais fait auparavant et cela m'intéressait en tant qu'actrice.

Journaliste : Quelles recherches avez-vous faites ?
Chloë Sevigny : Je suis restée dans la maison à Fall River plusieurs fois. J'y suis allée une fois seule, une fois avec Bryce et une fois avec l'amie qui s'était déguisée en Lizzie pour Halloween. [Rires] Nous sommes allés à son dernier lieu de repos à Fall River et nous avons marché autour de Bedford. J'y suis retournée avec Craig et notre directeur de la photographie et notre directeur artistique pour faire plus de recherches à la Fall River Historical Society. C'était très utile pour créer une version totalement complète d'elle. Nous avons vu ses objets et ils nous ont donné la permission d'utiliser une photo de sa mère dans le médaillon. J'ai lu presque tous les livres sur elle et il y en a beaucoup. J'ai lu [des choses] à propos de différentes femmes à ce moment-là, même Emily Dickinson. Il y a une bonne biographie sur sa vie et [le fait] d'être emprisonnée dans sa maison, ce qui m'a donné un aperçu de ce qu'était la vie à cette époque. Mes recherches étaient assez étendues.

Journaliste : Vous avez vraiment monté une rage palpable lorsque vous étiez en train de manier la hache. De quelle manière vous préparez-vous psychologiquement à jouer une scène comme celle-là ?
Chloë Sevigny : Je me suis préparée pour ça pendant 10 ans. J'étais nue dans cette scène et maintenant je suis incapable de dormir tous les soirs. [Rires] J'ai 43 ans et je ne peux pas croire que je l'ai fait. Ce n'est pas que je le regrette parce que je voulais que ce soit très charnel et choquant, mais maintenant je me sens très vulnérable, en toute honnêteté. C'est mon opinion et celle des écrivains qu'elle a fait ça et il y a beaucoup de gens qui prétendent qu'elle ne l'a pas fait. Il y a une théorie qu'elle est entrée dans un état de choc épileptique.

Journaliste : Lizzie a une relation amoureuse avec Bridget, la femme de ménage, interprétée par Kristen Stewart. De quelle manière cela est-il basé sur des faits ?
Chloë Sevigny : Cela n'est pas vraiment basé sur des faits. Il y a beaucoup de récits de ses relations avec d'autres femmes, en particulier Nance O'Neill, qui était une actrice. Il y a des théories qui expliquent la raison pour laquelle Emma, sa sœur, et elle, ne se parlaient pas les dernières années de leur vie. Nous avons pris une liberté avec ça. Il y a des preuves que Bridget était de mèche et devait être dans la maison [lorsque les meurtres ont eu lieu]. Peut être que ces dames avaient l'une des amitiés que certaines femmes avaient à cette période, qui étaient plus intimes parce qu'elles n'avaient personne d'autre. Je pense qu'après avoir passé du temps à la maison, nous avons déterminé qu'il était impossible que Bridget ne soit pas de mèche.

Journaliste : Il s'agit d'un film dont l'époque résonne aujourd'hui de bien des façons. Lizzie et Bridget ont toutes les deux été abusées par un homme dans le film. De quelle manière pensez-vous que le film résonnera dans le climat actuel alors que les mouvements #MeToo et #TimesUp invoquent un comportement inacceptable de la part des hommes ?
Chloë Sevigny : Depuis que tout cela est arrivé récemment, eh bien, je veux dire que j'ai toujours considéré ce film comme une claque face au patriarcat. C'est extrême, c'est violent et cela explose au visage du patriarcat. C'est ainsi que je l'ai présenté il y a 10 ans. Mettre plus de femmes au pouvoir est le seul moyen de protéger les jeunes filles. Je pense que les hommes en abuseront toujours et plus ils seront dénoncés et tenus responsables, moins ils seront susceptibles d'agir de façon fâcheuse envers les femmes – donc les femmes doivent occuper plus de postes de pouvoir. C'est le seul moyen de changer la dynamique. Il y a plus de poids et d'importance pour les les films aujourd'hui. Même pour Beatriz At Dinner [son fils a été projeté en avant première à Sundance en 2017], qui traite de tellement de choses différentes maintenant. J'ai vraiment de la chance de faire partie de films qui reflètent ce qui se passe dans la société d'aujourd'hui.

  

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