jeudi 16 avril 2015

Nouvelle interview de Kristen pour IndieWire


 Nous avons discuté dans la cour déserte du Musée d’Art de Los Angeles County, pendant une projection de « Clouds of Sils Maria », avec ses agents à une table à proximité, avec ses talons aiguilles et son téléphone sur une autre. Elle admet que toutes les actrices limitent le temps qu’elles passent à porter des talons hauts – elle, elle porte des mocassins. 

Vous êtes allez à Cannes avec deux films, « Sur la Route » et « Sils Maria ». Pour lequel vous avec remporté le César. Comment était-ce ? Ce n’était pas quelque chose à laquelle vous vous attendiez ?

Non. Ces Frenchies [rires] n’aiment pas récompenser ceux qui ne le sont pas [français]. J’étais vraiment choquée. Même Juliette était genre, « Hey, c’est vrai cool que tu es été nominée. C’est fou que tu sois nominé, en fait. » Si vous y regardez de plus près, elle était encore plus choquée. Quand ils ont dit mon nom, elle a littéralement hurlé dans mon oreille si fort que je ne savais pas ce qu’il se passait. Je n’ai même pas entendu mon nom être prononcé. J’étais genre, « Attendez, quoi ? » Elle était, « Tu as gagné ! Tu as gagné ! » Elle était tellement choquée, c’est comme ça que j’ai ensuite réagie. « Wow, ça doit être super important, car Juliette n’arrive pas à y croire ! »

Vous le méritiez. C’est le genre de film que j’aime. Mais je respecte aussi vos choix passés. Il y a un mode de fonctionnement ici – quelque chose que vous recherchez – et ce n’est pas le confort.

C’est toujours assez difficile de le trouver. Vous pourriez trouver un passage là… j’ai été assez chanceuse pour jouer des personnages qui se distinguent en tant que personnes qui racontent des histoires uniques. J’ai beaucoup lu. On m’a envoyé beaucoup de scénarios qui sont superficiels, des choses qu’on a déjà vues auparavant, récemment, des personnes incroyablement talentueuses m’ont appelé pour que je les aide à faire leurs films. Mais ces choses doivent vraiment se distinguer des autres, et j’ai été assez chanceuse pour pouvoir me jeter sur ces projets.

 En d’autres mots, il y en a une énorme pile. Vous nagez aux milieux de tout ça, beaucoup d’entre eux sont de la m****, et il y a ceux que vous faites qui sont ceux qui vous sont apparus comment les plus « intelligents ». Qu’est ce qui ne va pas dans les scripts qui vous sont envoyé, du moins la plupart d’entre eux ?

Probablement parce qu’ils sont assez archaïques, ennuyeux, au départ animé par des idées qu’une femme peut être une histoire ultra consumé. J’ai fait beaucoup de films indépendants, des trucs plus petits récemment qui ne manque pas d’intérêt sur des histoires à raconter qui parlent de femme.

Vous avez aligné quelques impressionnants projets. Je ressens une certaine maturité à travers ça. Je sais que vous avez beaucoup d’estime envers la franchise « Twilight » et la liberté que ça vous a apporté – ce qu’ils appellent « argent, va te faire f***** ». Donc vous êtes capable de dire, « Je vais faire un film de Kelly Reichardt. » Pouvez-vous me donner un aperçu de ce que vous avez appris de ces réalisateurs avec lesquels vous avez travaillez l’année dernière ?

J’ai été assez chanceuse, à un très jeune âge, de travailler avec des gens qui affirme ce en quoi ils croient, chaque catalyseur par lesquels j’ai été excitée. Tout ce qui m’a mis un coup de pied aux fesses et qui était, « C’est pour cela tu devrais être en train de faire ces films. » Ca a toujours été un réalisateur ; ça a toujours été quelqu’un qui raconte une histoire qui, d’un coup, va imprégner un projet avec cet honneur qui est tout simplement impossible à renier et à ne pas respecter. Par conséquent, vous donnez tout ce que vous pouvez pour ce projet.

Est-ce que David Fincher était qualifié pour « Panic Room » ?

Absolument. C’était mon second film, et tout à commencer avec lui.

Et Jon Favreau avec « Zathura » ? Je vous ai découverte dans ces deux films.

Oui. Ces deux-là sont vraiment de très bon réalisateurs avec lesquels j’ai travaillé quand j’étais très jeune. J’ai été formé par chaque pas que j’ai effectué de ces moment-là jusqu’à aujourd’hui. Je veux dire, une grande partie de tout ça est dû à la chance, car j’ai pu travailler avec ces personnes qui sont incroyablement influentes, dans le bon sens du terme, mais, ces grâce à tout ça que j’ai pu me construire et identifier très distinctement ceux que je voulais faire ou pas, et pourquoi je le fais. Et c’est tellement facile d’identifier ou de rejeter les gens qui sont pour ou contre tout ça.

Et à propos d’Olivier Assayas ? Qu’est-ce qu’il a apporté ?

Il était dans une attitude ‘non interventionniste’. Il me semble que le plus grand pas qu’il est fait avec nous est le travail qu’il a effectué avec le scénario, et ensuite le casting. Et ensuite, il nous a laissé vivre à travers tout ça.

Comment c’était le quotidien en travaillant avec Juliette Binoche ?
La seule question critique pour nous était d’avancer – chaque question posée, était totalement nécessaire pour nous, tant est que si nous n’obtenions pas de réponse nous étions frustrées – il y avait peut-être des jours où je rentrais à la maison et j’étais « Je n’en ai aucune idée. Je ne suis pas très sûr à propos de cette scène. Je ne sais pas ce que je ressens à propos d’elle. Je ne sais pas ce qu’elle raconte. » Et maintenant je la regarde et je suis, « Oh, mon Dieu. Tu es un génie savant, magistral, sournois, manipulateur. Comment nous as-tu emmenés ici ? » A ce moment-là, je me demandais si il était réellement conscient, des complexités qu’il écrivait, et maintenant je me rends compte qu’il le savait certainement. Je n’ai même jamais parlé avec lui de l’  « à propos » du film, jusqu’à ce jour. »

 Est-ce qu’il tourne avec de nombreuses caméras ?

Non, seulement deux. La plupart du temps cela va
 de une à deux caméras. Et il filme beaucoup. Il veut être sûr de filmer le bon moment. Vraiment.

Vous avez tournez un film avec un réalisateur français, et c’est un film très européen. Est-ce que cela vous attire pour le futur ?

Oui. Oui, absolument.

Et donc, Woody Allen : est-ce que c’était quelque chose que vouliez faire depuis longtemps ? Quel personnage allez-vous interpréter ?

Oui, pourquoi pas ? En fait, pour être honnête, je ne sais pas ce que je suis autorisée à vous dire sur ce projet. Ils m’ont envoyé un script et quelqu’un attendais à l’extérieur de ma maison. Quand j’ai fini de le lire, j’ai dû retourner à l’extérieur et leur rendre le scénario. Les scènes avec lesquelles j’ai auditionné pour le film, je ne connaissais pas du tout leur contexte. J’ai eu une conversation avec lui [NT :Woody Allen].

Il vous a laissé seule, vous aussi. Cate Blanchett a aussi un peu flippé sur « Blue Jasmine ». Mais ça marche bien pour elle aujourd’hui.

Apparemment. Très français de sa part. Il l’a fait, oui. [Rires]

Vous avez fini de tourner le film de Nima Nourizadeh, « American Ultra » (Lionsgate) avec votre pote d’« Adventureland », Jesse Eisenberg ? (Le casting au complet était génial – Bill Hader et Kristen Wiig et Ryan Reynolds.)

C’était génial. C’est terminé. C’est très commercial, ce qui est assez de ce que je fais en ce moment. Très drôle, ce qui est aussi de moi dernièrement. C’est une histoire d’amour drôle à la Broadway, et ultra violente. Jesse est la star du film, et il est tellement incroyable qu’il n’y a aucun moyen pour que le film ne soit pas 
fantastique.

Travailler avec Kelly Reichardt : comment c’était ? C’est une femme intelligente.

Oh, mec. C’est un génie. J’aurais aimé pouvoir passer plus de temps avec elle.

Elle vous fera travailler les Structuralists. Qu’avez-vous joué pour elle ?

Honnêtement. C’est une cinéaste il n’y a pas de doute. Ce n’est pas une réalisatrice du style « j’ai trouvé ! », elle sait ce qu’elle veut, à tout moment. J’ai joué dans une partie du film où des personnages motivés qui pensent qu’ils savent qui ils sont, et qui veulent absolument quelque chose qu’ils ne peuvent pas avoir.

 Ça sonne comme du Kelly Reichardt.

Oui, pas vrai ? Et je suis allée dans ce petit bar dans le Montana quand ils étaient en train de tourner, et il y avait quelques gars de la ville à l’intérieur qui joué aux paris sportif pendant qu’on tournait. Ils étaient genre, « De quoi parle le film ? Qu’est-ce que vous faites ici ? Nous savons que vous êtes ici, donc dîtes nous de quoi parle le film. » Et je ne pouvais pas leur dire en une phrase de quoi parler le film. Et c’est ce que j’aime dans le film, c’est que j’étais littéralement, « Et bien… » Et j’ai dit ce que je viens juste de vous dire. Ça en dit long sur la manière dont elle fait les films.

Et ensuite il y a « Equals » ?

Que j’ai pu voir, et c’est aussi pas mal du tout. La mentalité de Drake [Doremus] est totalement européenne.

Eh bien, il garde la caméra assez éloigné, c’est ça ?

Il utilise des lentilles [des caméras] longue portée. Même si c’est pour filmer directement votre visage, la caméra est à l’arrière. Tout le reste est flouté, et tout ce concentre sur le visage. Ce que je recherche chez un réalisateur américain c’est ce qui est le plus standardisé en Europe et en France : des personnes qui vont, de manière imperturbable, faire des choses en prenant tous les risques et leur foi pour ce qu’ils ont besoin de faire, plutôt que de faire ce qui va les rendre riche et célèbre. C’est simplement plus simple de la trouver là-bas, car c’est plus typique. Mais, ici, je gravite aux alentours et trouve les mêmes choses chez des réalisateurs américains. C’est juste que s’est plus rare.

Ecoutez, vous l’avez trouvé à un jeune âge. Pour la plupart des personnes ça prend plus de temps. Matthew MacConaughey a mis du  temps pour arriver où vous en êtes. Je pense aussi que les personnes dans l’industrie commencent à comprendre que le studio modèle ce n’est pas forcément vers là que tu veux te diriger.

Ce n’est simplement pas intéressant. C’est la sécurité. C’est simplement un pari sûr, et quand est-ce que c’est excitant, si vous savez que vous allez gagner ?

« Equals » a été tourné à Singapour. Pourquoi cet endroit ?

L’histoire a lieu dans une sorte de monde alternatif. Ça ne se passe pas nécessairement dans le futur, mais c’est très surréaliste et de science-fiction, et le monde est très surnaturel, donc c’était une bonne chose de tourner là-bas.

Vous avez été exposée à des endroits très exotiques. Quand vous êtes en mission, est-ce que vous avez la chance de sortir et de voir le monde ?

Oui. [Rires] Vous avez pas l’air de le penser, mais spécialement quand vous tournez dans ces endroits. Quand il y la publicité, tout ce que je vois sont les murs des chambres d’hôtels. Mais tourner dans ce genre d’endroit permet de vous imprégner d’une culture. C’est une des raisons pour laquelle je suis chanceuse. Dès un jeune âge, j’ai pu vivre à Portland et New-York et le centre du pays, au milieu de nulle part, Columbus, Ohio pendant un moment. Ça vous façonne.

Et quelle sera l’endroit le plus exotique qui a eu le plus d’impact sur vous ?

[Rires] J’adore travailler à la Nouvelle Orléans. Nous avons tourné « American Ultra » et « On The Road » et un film dont le titre est « Yellow Handkerchief ».

Le film Sony, de Ang Lee « Billy Lynn’s Long Halftime Walk » est un exposé militaire basé sur une histoire vraie. Qu’allez-vous jouer dans ce film ? Le tournage va commencer plus tard, cet été, au Texas ?

Oui, et ça se passe au Texas. J’interprète sa sœur, je suis une sorte de porte-parole pour quiconque ne serait pas d’accord avec le pourquoi la guerre est combattu, et aussi pour toute personne qui serait lié de manière très proche à quelqu’un qui se bat pour quelque chose, pour laquelle ils ne veulent pas se battre. Je suis la seule personne dans tout le film qui pose la question évidente.

Et rencontrer Ang Lee, ça a dû être génial. Je l’ai interviewé plusieurs fois, et c’est un homme très intelligent et spécial. Vous n’allez pas d’un genre à un autre sans avoir une certaine finesse.

J’ai seulement parlé avec lui une fois, au téléphone. Il était vraiment très gentil. Je sais ! C’est fou.

Dans « Sils Maria » vous interprétez un personnage, l’assistante de la star – l’opposé de qui vous êtes, d’une certaine manière. Vous la connaissez bien, car les femmes comme celle-là font partie de votre vie. Cela a dû vous donné un certain degré de confort. En même temps, vous creusez dans un duo très intime et très précis avec cette superbe actrice. Ca a dû représenter un défi.

La partie facile pour moi, personnellement, était d’être quelqu’un qui pouvait prendre soin d’une femme dans sa position. Je serais la [assistante] meilleure que vous pourriez engager pour une actrice. Personnellement, j’ai cette expérience, et j’ai cette nature innée de protection, car je sais ce que c’est d’être dans cette position. C’est marrant pour moi, car c’était sympa d’utiliser ce porte-parole comme… ce n’est pas comme tune grande déclaration. C’est une déclaration évidente dans le film, que nous parlons de la nature superficielle du business, mais l’attrait principal était d’être capable de servir quelqu’un d’une manière plus similaire à ce que je suis à l’intérieur, et aussi de parler de cet aspect du business que je connais si bien de l’intérieur.

Cela sonne vrai pour moi.

Bien. Et, ensuite, regarder à nouveau le film – je l’ai vu à Cannes pour la deuxième fois – en parler avec des journalistes et Olivier près la projection, cela s’est vraiment développé en quelque chose qui était assez lourd. Je pensais au début que c’était marrant – c’était un aperçu personnel dans quelque chose qui était ésotérique et intéressant, car peu de personne font ce qu’ils font. Mais, en même temps, prendre une certaine distance, je l’ai regardé était « Wow. C’était un stresse assez important à supporter. » Et ça parle vraiment de la manière dont on consume les autres artistes, ça parle de la manière dont on idéalise et jette les choses.
J’ai trouvé ça très touchant, mais je me suis identifié au personnage de Juliette Binoche. Je ne pense pas que ton personnage est superficiel. Je la vois comme sournoise et manipulatrice et facilement identifiable avec le personnage qu’elle lit [NT : dans la pièce de théâtre] les lignes. C’était perturbant pour elle, donc vous faites deux choses en une. Et il y avait une charge érotique entre les personnages.

Oui. Ils se manipulent mutuellement, inconsciemment en quelque sorte, durant tout le film. Mais Valentine aime Maria pas vrai ? Elle creuse quand Maria va bien. Elle est fière d’elle.

Absolument. Ces deux-là s’aiment tellement. Une chose importante pour moi était de faire de Valentine quelqu’un qui n’était pas typique. Pas quelqu’un que vous vous attendez à voir servir quelqu’un d’autre, mais quelqu’un qui vous rend curieux à son sujet – quelqu’un qui vous fera dire « Okay, donc qu’est-ce qui t’as mis dans cette position ? Normalement tu n’en ferais pas autant pour quelqu’un à laquelle tu t’entends bien. » C’est clairement quelqu’un qui se lève pour ce qu’elle pense et pour les choses auxquelles elle croit, alors elle prend ce rôle en tant qu’assistante, donc par conséquent devrait être sans voix.

D’une certaine manière elle vit à travers l’autre femme, mais ensuite, dans cette situation intime, forcée ses propres besoins refont surface. Elle a besoin de respect.

Absolument. Je pense que la seule raison pour laquelle elle est là est que, si ce respect n’est pas mutuellement requis, alors elle devrait être ailleurs.

Elle part, et j’adore la manière dont Assayas laisse ça. Ça semble mystérieux, mais elle démission !

Elle démission. Pour moi, durant tout le film elle essaye de marquer des points pour elle, essaye de lui transmettre un message, verbalement, et Maria pourrait un moment considérer ses opinions et pensées, et le moment suivant elles sont parties. Tout se qu’elle a laissé derrière elles sont ses pensées personnelles et sincères. A la fin, Valentine est genre « Je t’ai crié dessus durant tout un film. Maintenant je vais te montrer ce que je voulais dire et je vais partir. C’est donc ce que je voulais dire. »

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